Ateliers de jardinage sans pesticides, projections-débats, conférences, collectes de pesticides… : plus de 700 événements sont recensés à ce jour sur tout le territoire pour la 14e Semaine pour les alternatives aux pesticides (SPAP) qui se déroulera du 20 au 30 mars avec comme thème central la biodiversité.
Bretagne et Occitanie très impliquées
La Bretagne et l'Occitanie restent historiquement les deux régions les plus impliquées. La première totalise à elle seule plus de 300 événements organisés par les associations locales et les syndicats mixtes. Celui de la vallée du Blavet (Morbihan) est ainsi à l'origine d'une quarantaine de manifestations.
En Occitanie, la commune de Saint-Affrique (Aveyron) organise une semaine complète pour la SPAP : matinée sur l'impact des pesticides sur les sols, journée bio dans les communes, programme d'activités au lycée agricole de la Cazotte avec une intervention de l'association Phyto-Victimes sur l'impact des pesticides sur la santé, échanges de graines pour conserver les variétés, réalisation de semis, promenade autour de la commune pour découvrir la biodiversité, ateliers sur les abeilles dans la miellerie de la communauté de communes, portes ouvertes de fermes… Autre exemple, dans la ville de Perpignan, cette fois, le Collectif alternatives aux pesticides (CAP) 66 organise à lui seul plus de 40 événements : entre autres des conférences – l'une d'entre elles, suivie d'un débat, sur le thème "Jardiner sans pesticides", aura pour invité Alain Baraton, chroniqueur à France Inter -, troc de plantes, animations, projections.
Collectes de pesticides dans les déchetteries
Plusieurs collectivités organiseront aussi des collectes de pesticides dans les déchetteries. A Foix, le Smectom dispensera à cette occasion des conseils pratiques pour jardiner autrement. En Bretagne, les déchetteries de Quevert, Pleslin-Trigavou, Dinard, Saint Helen, Matignon, Evran, Saint-Malo, Plancoët, La Landec et Broons offriront un sachet de graines pour tout produit phytosanitaire rapporté.
La commune du Cellier (Loire-Atlantique), qui fait partie des 1.204 communes et villages classés zéro pesticide, même dans les espaces contraints (terrain de foot, cimetière…) et ce depuis 2009, soutient le 24 mars, à l'occasion de la SPAP, la 7e édition de "Nature et jardins", avec au programme de cette journée un marché local, des ateliers de jardinage au naturel, des conférences, une sortie nature à la découverte des oiseaux, etc.
Des activités d'entretien des espaces publics sans pesticides, associant les habitants, seront aussi proposées à Ibos (Hautes-Pyrénées), Augan (Morbihan) ou Avesnes-le-Comte (Pas-de-Calais). Plusieurs parcs naturels régionaux - Haute Vallée de Chevreuse, Forêt d'Orient, Montagne de Reims…- participent également à la SPAP.
Dans le cadre de la SPAP le ministère de la Transition écologique et l'Agence française pour la biodiversité remettront aussi le 21 mars le label "Terre saine communes sans pesticides".
La biodiversité en danger
Générations futures, à l'origine de la SPAP avec 50 partenaires parmi lesquels l'Agence régionale de la biodiversité en Ile-de-France, France Nature Environnement (FNE), la LPO, Greenpeace, la Fondation pour la nature et l'homme (FNH), la Fédération nationale de l'agriculture biologique (FNAB), les Jardins familiaux et la Mairie de Paris, a souhaité aborder en détail cette année le lien entre pesticides et biodiversité, dans un contexte particulièrement alarmant.
Fin janvier 2019, la revue scientifique Biological Conservation alertait sur l'extinction des insectes du monde entier, annonçant un "effondrement catastrophique des écosystèmes naturels". Une situation due notamment à un modèle agricole intensif qui fait un usage massif d'intrants chimiques. Avec 62.000 tonnes de pesticides par an, la France reste le deuxième pays utilisateur en Europe, après l'Espagne, rappelle Générations futures. Il reste donc beaucoup à faire pour trouver des alternatives aux pesticides. Un premier pas a été franchi avec la loi Labbé qui, depuis le 1er janvier 2017, interdit aux collectivités, aux établissements publics et à l'Etat d'utiliser des pesticides pour l'entretien des espaces verts, des forêts ou des promenades accessibles au public et relevant de leur domaine.
Encourager le bio dans la restauration collective
Depuis le 1er janvier 2019, la commercialisation et la détention de produits phytosanitaires à usage non professionnel sont interdites. Ce sont cette fois les jardiniers amateurs qui sont concernés. Mais les promoteurs de la SPAP veulent aller plus loin. Ils réclament ainsi plus de produits bio dans la restauration collective. Pour cela, ils militent pour l'instauration d'une aide financière – un Bonus Cantine bio et locale – dans le prochain projet de loi de finances pour encourager les cantines à changer leurs pratiques sur le long terme. Suite à un avis de l'Anses publié le 5 février dernier sur l'encadrement de l'utilisation des pesticides en présence d'abeilles, ils alertent aussi sur l'inefficacité de la réglementation actuelle, alors qu'une première discussion sur un nouvel arrêté doit avoir lieu le 21 mars au ministère de l'Agriculture. Le 5 avril, dans ce même ministère, Générations futures et d'autres ONG partenaires de la Semaine doivent aussi participer à une nouvelle discussion autour d'un décret résultant de l'article 83 de la loi Agriculture et Alimentation qui prévoit la mise en place sur le territoire de Chartes d'engagement à l'échelle départementale, après concertation avec les riverains des zones traitées à l'initiative des utilisateurs. Le décret doit préciser les détails de ces concertations.
Une plateforme "Pour une autre PAC"
Mais ce sont surtout les pratiques de l'agriculture intensive qui constituent la plus grande menace sur la faune et la flore et dans la perspective des prochaines élections européennes, Générations futures et d'autres partenaires de la SPAP soutiennent aussi la plateforme "Pour une autre PAC". Pour les ONG, la PAC actuelle manque en effet d'instruments pour limiter l'usage d'intrants chimiques de synthèse dans l'agriculture et depuis 2011, les quantités de pesticides vendus dans l'UE sont d'ailleurs quasi constantes. Pour la prochaine période de financement qui commence en 2021, elles comptent donc défendre des mesures incitatives de transition vers l'agroécologie, en accordant des subventions aux agriculteurs pour leurs services environnementaux dès lors que leurs pratiques sont vertueuses pour la biodiversité.
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