Après une année 2005 plus que morose, 2006 a été marquée par une très nette embellie de l'activité des transports publics urbains, selon les résultats présentés par l'Union des transports publics et ferroviaires (UTP) ce 15 octobre. Le trafic a dépassé le seuil symbolique des deux milliards de voyages dans les 136 réseaux de province retenus dans l'analyse de l'UTP (+ 4,4% par rapport à 2005) alors que le nombre de kilomètres produits a augmenté de 2% et que l'évolution de l'offre kilométrique par habitant a enregistré une hausse sensible par rapport à ces deux dernières années (+1,6%). En Ile-de-France, la RATP a vu son trafic augmenter de 1,9%.
Le taux d'utilisation des transports en commun, c'est-à-dire la fréquentation par rapport à l'offre par habitant, s'est accrue de 2,4 %. Les périmètres des transports urbains, qui avaient tendance ces dernières années à s'étendre aux zones d'habitat diffuses, se sont stabilisés. Après une évolution négative ces dernières années, l'UTP se réjouit aussi de la stabilisation du ratio de couverture des dépenses par les recettes depuis deux ans.
La tendance à la hausse de la production, du nombre de voyages et des recettes se poursuit en 2007, assurent les dirigeants de l'UTP. Pour Joël Lebreton, directeur général de Transdev, il s'agit là des résultats d'une politique d'investissement soutenue. "Chaque fois que l'on met en service un transport en commun en site propre (TCSP), la clientèle est au rendez-vous. Ce sont les TCSP qui tirent la croissance et génèrent un report modal", estime-t-il.
A Toulouse, le trafic voyageurs a augmenté de 35% sur les trois premiers mois d'exploitation de la 2e ligne de Val. A Valenciennes, le tramway a généré une hausse de 20% après 14 mois d'exploitation. Rennes a quasiment doublé la fréquentation de ses transports en commun depuis la mise en service de la première ligne de Val il y a cinq ans. Les bus en site propre ne sont pas en reste. A Rouen, par exemple, la ligne TEOR déployée sur un axe Est-Ouest a enregistré une hausse du trafic de 20%. A Nantes, la ligne 4 en site propre compte 25.000 passagers par jour alors que les prévisions tablaient sur un maximum de 20.000 passagers.
La dynamique des transports urbains va se poursuivre car "il y a encore autant d'investissements à faire qu'il y en a eu ces 15 dernières années", assure Joël Lebreton. "Après l'équipement des zones denses en TCSP, il va falloir proposer des systèmes de dessertes périurbaines (tram train, par exemple) offrant le même niveau de performance."
Vers un doublement des transports en commun en site propre
Les enjeux en termes de développement durable et de lutte contre le changement climatique devraient donner un coup d'accélérateur aux projets de transports collectifs. "Pour être en mesure de réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2020, compter sur les seuls progrès technologiques est illusoire", a prévenu Michel Bleitrach, président du directoire de Keolis et vice-président de l'UTP.
Dans les propositions qu'elle a faites pour le Grenelle de l'environnement, l'UTP défend une nouvelle vision de la mobilité favorable aux transports alternatifs à la route. Elle a proposé de doter les autorités organisatrices de transport (AOT) de compétences nouvelles et élargies à toutes les questions de mobilité, d'habitat, d'urbanisme et de développement durable. Pour le ferroviaire, elle propose un plan fret visant à atteindre 25% de fret non routier d'ici à 15 ans. "Ce plan devra garantir l'internalisation des coûts externes (congestion, pollution, accidents, dégradation du cadre de vie, etc.) et des coûts d'infrastructures, aboutir à la création d'une instance de régulation et assurer les investissements dans les infrastructures favorisant l'accès au rail (contournements d'agglomérations, autoroutes ferroviaires, etc.", note l'UTP qui réclame aussi la création d'un observatoire des transports pour quantifier et suivre les émissions de gaz à effet de serre et mesurer l'impact des investissements dans les infrastructures.
Elle défend également un plan ambitieux de développement des transports (doublement des TCSP), ce qui nécessite des investissements importants (18 milliards d'euros à l'horizon 2015). L'UTP est favorable à de nouveaux modes de financement de l'offre de transport comme les partenariats public-privé (PPP), à la fiscalité environnementale (euro-redevance kilométrique pour les poids lourds, signal prix pour l'usage de l'automobile). L'affectation de ces différentes ressources serait à partager entre l'Agence de financement des infrastructures de transports France (Afitf) et les collectivités territoriales.
L'UTP plaide aussi pour des péages urbains permettant aux collectivités de mieux gérer la mobilité mais ils ne doivent pas servir de nouveau mode de financement des transports publics, prévient-elle. Pour une meilleure sensibilisation du public et des partenaires économiques, elle souhaite aussi un affichage des émissions de CO2 pour chaque prestation de transport.
Anne Lenormand
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